L’iode cerné

© IRNS/PSE-ENV/SRTE/LR2T

Faire parler les arbres, lire entre les lignes ou plutôt… entre les cernes. Les scientifiques plongent au cœur des écosystèmes forestiers et y analysent le cycle de radionucléides. Couvrant un tiers des continents, les forêts interceptent et recyclent divers contaminants. Les arbres – tel le cèdre du Japon (Cryptomeria japonica) de cette photo – sont une composante très étudiée. Le but des chercheurs est d’établir des modèles. Ces derniers évalueront – en cas de rejets de substances radioactives – les conséquences de la dissémination de radionucléides sur l’homme et dans l’environnement. Ils déterminent la quantité, la répartition et les flux d’iode dans les différentes composantes – arbre, litière, humus, sol – d’une cinquantaine de forêts de l’Hexagone. Leurs travaux désignent le sol comme étant son principal réservoir. Il en stocke 99,9 %. Comprendre la dissémination de la forme stable de l’iode est la clé pour anticiper les flux de son isotope radioactif à vie longue, l’iode 129. Ce dernier constitue un risque radiologique en cas de fuite depuis les zones de stockage à long terme des déchets dans les formations géologiques. Ces résultats sont issus d’une thèse menée au Laboratoire de recherche sur les transferts des radionucléides dans les écosystèmes terrestres (LR2T). Ils s’inscrivent dans le cadre du programme de recherche Amorad. Coordonné par l’IRSN, il a été initié sur les forêts nippones après l’accident de Fukushima, pour analyser le recyclage du césium 137. Cette thèse étend Amorad au cycle biogéochimique de l’iode dans ces écosystèmes en France.

Marine Roulier, chercheuse en chimie analytique environnementale


Article publié en novembre 2020