Ça barbote !

© Florence Levillain/Signatures/Médiathèque IRSN

Léonard de Vinci s’est intéressé à la façon dont les bulles d’air remontent à la surface de l’eau. Est-ce de façon rectiligne ou en zigzaguant ? Pour les chercheurs du Laboratoire de radioécologie (LRC) de Cherbourg-en-Cotentin (Manche), la question n’est pas là. Au lieu de s’intéresser à leur trajectoire, ils souhaitent prédire la dispersion de radionucléides – l’iode 131, le césium 137... – en mer, en cas de rejets accidentels d’une centrale nucléaire. Sur cette photo, les bulles d’air présentes à la surface sont créées par l’agitation de 120 litres d’eau de mer par injection d’air comprimé au fond d’un bidon, à travers quatre tubes en plastique. Elles provoquent un mouvement de l’eau ou une agitation par barbotage. L’eau est filtrée puis mélangée à des composés chimiques – permanganate de potassium, ferrocyanure... – afin de former des cristaux solides aptes à piéger les radionucléides. Une extraction suit. Son rendement, proche de 100 %, est presque parfait. Leurs concentrations sont mesurées par spectrométrie gamma. Ces données alimentent des modèles, tel le modèle Sterne- simulation du transport et du transfert d’éléments radioactifs en environnement marin. En cas de rejets radioactifs accidentels, il pourrait être utilisé par les experts de l’IRSN au centre technique de crise à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Il simule la dispersion des radionucléides en mer et calcule les concentrations prévisibles dans les sédiments et les différentes espèces marines : poissons, crustacés, algues. Il pourrait ainsi aider à évaluer les conséquences radiologiques pour l’environnement et l’homme. 

Claire Voiseux
Denis Maro
Radioécologistes


Article publié en octobre 2022