Recherche : comment sont fabriquées les évaluations de sûreté nucléaire ?
Un travail de recherche sur l’expertise en sûreté nucléaire vient d’être finalisé. Quels sont les principaux enseignements ? La fabrication d’expertises ne s’inscrit pas totalement dans un cadre défini par les processus de l’Institut. Les acteurs adaptent ce cadre aux situations rencontrées.
Cette fabrication n’est pas linéaire et individuelle. C’est une activité itérative éminemment collective et transversale. Pour mener à bien son travail, l’expert sollicite ses collègues et sa hiérarchie, il interagit avec des spécialistes d’autres domaines, des experts d’autres organismes, des représentants de l’exploitant et de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Une compétence collective d’évaluation émerge progressivement au cours d’un travail d’articulation et d’assemblage réalisé par les différents acteurs et se renforce avec la multiplication des dossiers traités. Elle permet d’aligner des entités distinctes pour fabriquer l’évaluation. Par ailleurs, elle s’inscrit dans un régime de civilité : chacun prend soin de la relation, est attentif à autrui. Une distance suffisante est nécessaire pour éviter la capture – éviter que les protagonistes ne versent dans la « co-ingénierie » – et que chacun conserve son autonomie de jugement.
Cette compétence collective est cruciale : elle permet un gain d’efficacité, une garantie de la qualité des analyses, une prise en charge des risques, comme celui qui porte sur la réputation, pour l’Institut et ses collaborateurs. Dès lors, un management centré sur les compétences individuelles laisse de côté un pan important de l’activité d’expertise.
Ces recherches effectuées dans le cadre d’une habilitation à diriger des recherches (HDR) de l’IRSN sont menées par Alexandre Largier, sociologue.
Pour en savoir plus
Lire le résumé de l’habilitation à diriger des recherches d’Alexandre Largier :
https://www.irsn.fr/page/competences-lexpertise-cas-fabrication-devaluations-surete-nucleaire-lirsn