Christelle Saccoccio
Tél. : 01.58.35.77.54
christelle.saccoccio@irsn.fr
Unité d’expertise des sources
L’utilisation d’un gammagraphe en milieu industriel nécessite de baliser une zone autour de l’appareil. Son accès est interdit aux personnes non habilitées. Cette opération délicate, réglementée, requiert le respect d’une succession d’étapes. Les compétences s’acquièrent en formation.
"Le balisage est un élément essentiel de radioprotection en gammagraphie industrielle. Il permet de matérialiser, de manière visible et continue, l’interdiction d’accès à la zone d’opération où l’exposition aux rayonnements ionisants est jugée dangereuse. Cette activité peut, de prime abord, sembler simple : ne suffit-il pas de poser de la rubalise1, des panneaux trisecteurs et un signal lumineux à une certaine distance autour de la source, afin de ne pas dépasser le seuil réglementaire de 2,5 µSv/h2 en limite de zone ? C’est parfois le cas, notamment quand il s’agit de vérifier des soudures de canalisation en zone inhabitée. Mais ce n’est plus vrai quand les tirs doivent être effectués au sein d’un complexe industriel. Nous privilégions alors le travail de nuit, ou en soirée, pour déjà limiter les risques liés à la coactivité. Mais quand bien même : selon la configuration de l’espace à confiner, le balisage peut se révéler complexe. Il faut être sûr d’avoir identifié toutes les zones d’accès possibles (portes, escaliers…). On doit aussi prendre en compte le rayonnement dans ses trois dimensions, et pas seulement sur le plan horizontal. Cela peut amener à baliser aussi l’étage supérieur ou inférieur. Il faut également savoir s’il y aura ou non d’autres travailleurs en activité à proximité ; anticiper toutes les contraintes potentielles, par exemple un éclairage spécifique parce que l’équipe intervient de nuit…
La solution pour mener à bien le balisage ? Y réfléchir en amont, en travaillant d’abord sur plan, puis en validant le zonage retenu par une visite in situ. Ce travail doit être effectué conjointement par les différentes parties prenantes. Il s’agit des donneurs d’ordre, de l’entreprise de maintenance industrielle et de la personne compétente en radioprotection (PCR) de l’entreprise de radiographie industrielle."
1. Ruban textile ou plastique servant à délimiter une zone.
2. Le sievert (Sv) est l’unité qui sert à quantifier le risque lié à une exposition à des rayonnements ionisants. Un microsievert par heure (1 µSv/h) correspond à un débit de dose de 0,000001 Sv par heure.
En amont des tirs de grammagraphie sur chantier et le jour J, une zone d'opération doit être balisée. C'est le fruit d'un important travail de mise et de vérification. Feuille de route pour prévenir les risques et répondre aux règles de radioprotection.
Ne pas laisser la routine s’installer, mais faire en sorte que la réflexion prenne toujours le pas sur les habitudes.” Personne compétente en radioprotection (PCR), Jean-Pierre Vidal insiste sur ce message auprès des radiologues industriels. Ces derniers sont formés à la radioprotection, leur compétence étant attestée par le certificat d’aptitude à manipuler les appareils de radiologie industrielle (Camari). Parmi les nombreux points abordés pour assurer la radioprotection des travailleurs, le zonage en gammagraphie industrielle est un élément clé. Jean-Pierre Vidal rapporte que la baisse de vigilance peut-être à l’origine d’incidents. C’est particulièrement vrai quand ils sont programmés de nuit, alors que la fatigue guette. “Et le balisage est un travail redondant, sensible aux erreurs d’inattention”, reconnaît le spécialiste. La formation au Camari est donc importante. Des chartes de bonnes pratiques existent également, élaborées en région (PACA, Rhône-Alpes, Nord, Pays de la Loire…) par les acteurs de la prévention des risques (industriels, services de l’État, acteurs de la santé au travail…).
L’arrêté du 15 mai 2006, relatif aux conditions de délimitation et de signalisation des zones surveillées et contrôlées et des zones spécialement réglementées ou interdites compte tenu de l’exposition aux rayonnements ionisants, fixe les règles :
• Dans le cas de chantiers “extérieurs“, avec utilisation d’un gammagraphe mobile, le responsable de l’appareil doit délimiter une zone d’opération. À la périphérie de celle-ci, le débit d’équivalent de dose moyen, évalué sur la durée de l’opération, doit rester inférieur à 2,5 µSv/h.
• Lorsque le gammagraphe est mis en œuvre à l’intérieur d’une zone surveillée ou contrôlée, la délimitation de la zone d’opération prend en compte les débits de dose inhérents à l’appareil ainsi que ceux déjà existants dans ces zones. La délimitation de la zone d’opération est alors établie suivant les valeurs d’exposition aux rayonnements ionisants fixées par les articles 5 et 7 de l’arrêté du 15 mai 2006 pour définir les zones contrôlées et surveillées.
• La délimitation de cette zone prend en compte, notamment, les caractéristiques de l’appareil émetteur de rayonnements ionisants, les conditions de sa mise en œuvre, l’environnement dans lequel il doit être utilisé et, le cas échéant, les dispositifs visant à réduire l’émission de rayonnements ionisants.
• 20 mSv en deux minutes : c’est l’exposition que pourrait subir une personne placée par incident à un mètre de certaines sources utilisées en gammagraphie, comme l’iridium 192. I
• La gammagraphie industrielle (ou radiologie industrielle) est une technique de contrôle non destructif réalisée à l’aide d’une source radioactive émettrice de rayonnements gamma. Utilisée dans de nombreux secteurs de l’industrie (chaudronnerie industrielle, pétrochimie, nucléaire, ouvrages d’art…), elle permet notamment de contrôler la qualité des soudures ou de mettre en évidence des faiblesses sur des pièces métalliques.
• Un tir de gammagraphie est une opération qui consiste à exposer une pièce métallique aux rayonnements gamma d’une source radioactive en vue d’en faire une radiographie.
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Article publié en février 2015