Journées des thèses : retour sur scène

Scientifiques et industriels participent aux Journées des thèses 2022 à Nice (Alpes Maritimes). Pour les doctorants et les publics présents, c’est une occasion d’échanger et d’apprécier l’étendue des recherches de l’IRSN et l’avancée des connaissances.

Un public varié assiste aux présentations des doctorants : collègues étudiants, chercheurs, industriels…

1. Quel est l’objectif des Journées des thèses ?

En 2022, quatre-vingt-seize doctorants sont sur le devant de la scène à l’occasion des Journées des thèses de l’IRSN, trois jours organisés par l’Institut. Leurs travaux en santé, sûreté et environnement font l’objet de présentations et de posters.
Directeurs de thèse – qu’ils viennent de l’IRSN, comme c’est majoritairement le cas, ou d’ailleurs – et industriels participant à ces journées. Une soirée est consacrée à un débat sur l’impact de la recherche sur le réchauffement climatique et au concours d’éloquence
« Trois minutes pour une thèse ».
Elles sont l’occasion pour les doctorants de faire leurs armes et, pour le public, d’apprécier les avancées scientifiques.
« En plus de mes sujets habituels en sûreté nucléaire, j’ai assisté à des présentations médicales sur des thèmes dont je ne suis pas du tout spécialiste, comme les effets de l’irradiation sur la santé, mentionne Serge de Perthuis, directeur recherche et développement chez Framatome. J’ai apprécié la variété de ces sujets qui me concernent en tant que citoyen. »
Doctorante en sciences humaines et sociales, Alexandra Wartel1 revient convaincue : « J’y allais un peu à reculons, car étant en troisième année de thèse, mon temps est compté. Je ne regrette pas. J’ai compris la plus-value de ces journées : voir ce qui se fait dans d’autres équipes et disciplines. » Les sujets 2022 sont variés : effets biologiques des rayonnements ionisants, comportement du béton, accident grave, incendie, évaluation du risque sismique... L’événement est annuel depuis 2002.

1. Thèse : Activité humaine et performance transversale : le cas de la préparation des traitements en radiothérapie externe. Toutes les thèses citées et les laboratoires concernés sont consultables sur www.irsn.fr/Theses

2. Qu’en retirent les thésards ?

Présentation des posters des doctorants.

Ces exercices sont incontournables pour Michel Gradeck, professeur à l’Université de Lorraine (Meurthe-et-Moselle). Il encadre la thèse de Juan Esteban Luna Valencia, étudiant le refroidissement du combustible2. « Ils doivent prendre confiance, être professionnels : respect du temps, présentation impeccable... Ils apprennent à expliquer avec des mots simples et justes des notions complexes. » Magali Schiano Di Lombo est en troisième année3. « C’est mon premier congrès en présentiel du fait de la pandémie, raconte-t-elle. Les questions poussent à justifier nos choix méthodologiques. Rencontrer d’autres doctorants est essentiel : « En thèse, on a besoin d’un collectif qui comprend ce que l’on fait, même si nos sujets sont différents. » L’événement aide à étoffer son réseau : « Après ma présentation, une personne du public, venue discuter de mon sujet, m’a fourni un contact pour ma thèse », se félicite Alexandra Wartel.

2. Thèse : Étude du refroidissement d’un assemblage combustible par un écoulement vertical vapeur/gouttes à l’échelle d’un sous-canal.

3. Thèse : Comparaison d’effets physiologiques radio-induits par les rayonnements bêta reçus à l’AND et à l’organisme entier chez le poisson zèbre Danio rerio.

3. Quels bénéfices pour les directeurs de thèse ?

Des chercheurs assistent aux Journées des thèses.

Thierry Loiseau, chimiste dans le Nord pour le Centre national de recherche scientifique (CNRS), est venu écouter Julie Nguyen Sadassivame4. C’est la deuxième thèse CNRS/IRSN qu’il codirige. Ces journées lui permettent de faire une veille : « Je privilégie les sujets proches de ma thématique : la diffusion des radionucléides dans l’environnement, les solutions pour les piéger... Cela me donne une vision élargie de mon domaine de recherche. » Michel Gradeck ajoute : « Je vois toutes les thématiques que couvre l’IRSN. Cette ouverture est importante en science. » Ces journées sont l’occasion de rencontrer des industriels. « L’objectif est de leur montrer les travaux réalisés dans nos laboratoires universitaires », précise-t-il. 

4. Thèse : Étude expérimentale de la faisabilité de piégeage des gaz rares par des matériaux poreux innovants de type metal-organic framework (MOF), en codirection avec l’Université de Lille. 

 

4. Et pour le public étranger ?

Voix, posture... Une formatrice aide les doctorants à se préparer pour le concours « Trois minutes pour une thèse ». - © Albane Noor/Signatures/Médiathèque IRSN

Ernst-Arndt Reinecke est spécialiste sûreté au Centre de recherche de Jülich (Allemagne). Il codirige la thèse de Gabriela Nobrega5. « Elle a réalisé un programme expérimental d’un an dans notre laboratoire spécialisé dans l’hydrogène. Nous avons échangé sur les avancées des travaux qu’elle effectue dorénavant au sein de l’IRSN. » 
Comme ses homologues français, le scientifique assiste à plusieurs présentations. Les recherches de Laura Vastier6, sur la propagation des flammes dans les conditions d’un accident grave, l’intéressent, car elles contribuent à un projet européen impliquant son institution.
« J’ai aussi suivi d’autres champs de recherche. Cela donne un bon aperçu des progrès réalisés dans différents domaines. » Il apprécie les échanges informels : « Je découvre avec intérêt les préoccupations de la prochaine génération. » 

5. Thèse : Étude de l’empoisonnement des recombineurs auto-catalytiques passifs.

6. Thèse : Étude de la propagation de flamme dans une atmosphère gazeuse représentative de la phase tardive d’un accident grave dans un réacteur à eau pressurisée (REP).

5. Pourquoi des industriels sont-ils présents ?

Marie Frèrejacques, doctorante en toxicologie, est la gagnante du concours « Trois minutes pour une thèse ».

Pour sa première venue aux journées, Serge de Perthuis assiste à une trentaine de présentations. En sûreté, plusieurs l’interpellent, dont celle de Juan Esteban Luna Valencia, qui étudie le refroidissement d’un assemblage de combustible2. Son dispositive expérimental – un écoulement vertical vapeur/gouttes – l’intrigue. « Je visiterais volontiers son laboratoire », dit-il. 
La présentation de Maryam Trad7, sur une nouvelle stratégie de modélisation pour l’interface acier béton, retient aussi son attention.
« Cette thèse m’intéresse pour ses méthodes mathématiques. Framatome ne contrôle pas le béton, mais des aciers. Nous utilisons aussi des ultrasons, certains principes pourraient donc s’appliquer... », souligne-t-il. 
Et de conclure :
« Après leur thèse, ces chercheurs feront peut-être de bonnes recrues pour Framatome.» 

7. Thèse : Une nouvelle stratégie de modélisation enrichie pour l’interface acier-béton dans le contexte des éléments de plaques multicouches : application à l’évaluation des spectres de plancher.


Article publié en octobre 2022