Risque radon : une journée pour mieux comprendre
Impact sanitaire, recensement des zones concernées, auto-mesurage : des acteurs de la prévention du risque radon en milieu professionnel rencontrent des experts et leur posent des questions sur les mesures à mettre en œuvre.
1. Pourquoi cette journée d’information sur la réglementation du risque radon ?
Depuis juillet 2018, la transposition en droit français d’une directive européenne intègre le risque lié au radon dans la gestion des risques professionnels. Afin de répondre aux interrogations suscitées par cette nouvelle réglementation, l’IRSN et l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ont organisé une journée d’information le 6 juin 2019, dans les locaux de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Issu de la désintégration de l’uranium et du radium présent dans le sol, ce gaz radioactif s’accumule et pollue l’air des lieux confinés. Les études épidémiologiques ont établi son caractère cancérigène pour les poumons, avec un effet proportionnel à la durée d’exposition. "Je commence à recevoir des demandes d’entreprises qui font de la veille réglementaire et qui voient apparaître de nouveaux textes sur le radon. Elles veulent des informations sur l’impact de cette réglementation et sur la manière d’évaluer le risque », résume Pierre Laurent, contrôleur sécurité de la Caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat). Même constat chez une femme médecin de prévention dans les Vosges : "Je ne savais pas grand-chose sur le radon. En connaissant mieux ses effets sur la santé et les endroits à risque, je pourrai rassurer les personnes que je vois et partager l’information avec mes collègues". Elle s’interroge sur les risques d’autres infections pulmonaires non cancéreuses. "Peu de données existent sur ce sujet pour l’instant", précise Klervi Leuraud, épidémiologiste à l’IRSN.
2. Quelles populations sont concernées ?
Auparavant limitée aux milieux souterrains – caves, tunnels… – dans certains départements prioritaires, l’évaluation du risque radon concerne dorénavant tout lieu de travail en sous-sol ou rez-de-chaussée. L’analyse se fait à l’échelle communale, selon une cartographie de l’IRSN du potentiel radon des sols, allant de 1 à 3 – le plus élevé. Cette complexité inquiète certains participants. "Le recensement devra être plus précis et il va prendre plus de temps. J’attendais cette journée pour réfléchir aux moyens de procéder", explique Gilles Radenne, préventeur chez SNCF Réseau.
3. Qui s’occupe de la prévention du risque ?
Dans le cas de locaux utilisés par plusieurs sociétés, qui est responsable : l’employeur ou le propriétaire du bâtiment ? "Pour le code du travail, le responsable est l’employeur. S’il n’est pas propriétaire des locaux ou s’il s’agit d’une entreprise extérieure, il doit s’assurer d’avoir les informations nécessaires pour garantir une bonne prévention du risque", explique Hervé Visseaux, de la Direction générale du travail (DGT). "Il y a un projet de base de données informatisée pour partager toutes les mesures effectuées", ajoute Géraldine Ielsch, de l’IRSN.
4. Quelles pratiques adopter face au risque radon ?
"Quand on est une entreprise qui compte 10000 bâtiments répartis sur l’ensemble du territoire, comment gérer le mesurage de la manière la plus intelligente et préventive possible ?" se demande Marc Mougel, en charge de la sécurité au travail chez Orange. Même interrogation chez Jean-Jacques Menec, chargé d’affaires à l’établissement du service d’infrastructure de la Défense (ESID) organisant la mise en place du dépistage radon sur la base de défense Brest-Lorient, située en zone 3. Des cas pratiques présentés durant la journée expliquent comment positionner les dosimètres – des détecteurs solides de traces nucléaires (DSTN) – dans les locaux. Des fiches techniques publiées1 par l’IRSN aideront les entreprises à tenir compte des spécificités de leurs sites. Les mesures et actions à mener les plus simples concernent l’étanchéité et la ventilation du bâti. "Savoir qu’on peut traiter la solution sans forcément rentrer dans de la protection renforcée est un élément important", pour Marc Mougel.
1 Consultables sur : livret radon
5. Quels enseignements tirer de cette journée ?
La présentation du retour d’expérience de dépistage dans un musée a suscité l’intérêt de Gilles Radenne : "Dans nos tunnels, les plus hauts seuils étaient de 700 Bq/m3 . J’ai été surpris d’entendre parler de valeurs de 2 000 Bq/m3 et même au-delà. Cette journée confirme qu’il y a beaucoup de travail à réaliser, mais le procédé à suivre est plus clair". Une journée instructive pour Aline Moka, médecin du travail en Bretagne : "Un chef d’entreprise a besoin d’informations pratiques. Plus nous anticipons ses questions, plus nous avons son écoute et son adhésion". Un bilan plus nuancé pour Pierre Laurent : "Pour qu’on puisse répondre aux entreprises de façon efficace, il faut que l’information soit accessible. Or la réglementation n’est pas encore totalement parue". Une référence aux arrêtés que la DGT doit publier et que les participants attendent impatiemment. Qui s’occupe de la prévention du risque ?
Article publié en janvier 2020