Une exposition scientifique pour découvrir la radioactivité

À Cherbourg, dans la Manche, une journée de découverte autour de la radioactivité était organisée par l’IRSN et ouverte à tous. Les plus jeunes comme les retraités parcourent l’exposition, échangent avec les experts et chercheurs de l’IRSN. Ils partagent des expériences scientifiques pour mieux comprendre les effets des rayonnements, les contrôles effectués et l’importance de la radioprotection.

Lors de la Journée découverte de l'IRSN à Cherbourg, un visiteur teste la radioactivité d'une montre et d'une horloge aux côtés de collaborateurs de l'Institut (de gauche à droite : Philippe Laguionie, Denis Maro, Johann Chardeur et Karim Ben Ouaghrem). - © François Boutaud / Signatures / Médiathèque IRSN

1. Pourquoi cette journée destinée au grand public ?

« Dans le Cotentin, la radioactivité et le nucléaire, on grandit avec. Avec l’usine de La Hague, la centrale de Flamanville, le site de l’Andra1 et même les sous-marins construits à Cherbourg, nous sommes tous touchés d’une façon ou d’une autre », évoque Sandrine, assistante de direction, alors qu’elle parcourt l’exposition organisée par l’IRSN à la salle des fêtes de Cherbourg le 24 juin 2023. Si ce jour-là les rangs des visiteurs comptent aussi des vacanciers et des touristes étrangers, la plupart sont en effet des habitants du Cotentin. On y passe en famille, en couple ou entre amis pour découvrir l’événement et en apprendre davantage sur la radioactivité, le nucléaire et la radioprotection. Toute la journée, une trentaine de salariés de l’IRSN, parmi lesquels des experts du Laboratoire de radioécologie de Cherbourg (LRC), échange avec la population et anime des ateliers présentant les méthodes de suivi environnemental et les instruments utilisés en radioprotection et prévention des risques.

2. Pourquoi le sujet du nucléaire intéresse ?

Deux visiteurs se prêtent au jeu lors de l’atelier pédagogique sur la lyophilisation des aliments, organisé par Romane Aubry, technicienne au laboratoire de radioécologie de Cherbourg-Octeville, de l’IRSN.

« Le nucléaire, je ne sais pas vraiment comment ça marche », confie Nicole, secrétaire à la retraite, alors qu’elle vient de se prêter au jeu de l’identification d’aliments déshydratés, comme ils le sont pour des analyses nécessaires à la surveillance alimentaire menées par l’IRSN. « On s’est arrêtés à chaque stand sur les mesures de radioactivité, les contrôles dans l’environnement… J’étais loin de me douter que c’est aussi suivi. Et les méthodes se sont beaucoup améliorées, c’est une bonne chose ! »
« Je sais qu’il y a des installations nucléaires ici et que ça peut être dangereux », évoque de son côté le jeune Camille, 8 ans. S’il a déjà eu l’occasion d’aborder le sujet à l’école, découvrir l’exposition tout en répondant à un quiz lui permet d’en apprendre plus sur l’énergie nucléaire, le traitement des déchets, la radioprotection… Et même lorsqu’on travaille pour cette industrie depuis vingt-sept ans, comme Mickaël, technicien de maintenance, la journée permet d’actualiser ses connaissances sur « ce qui est fait pour surveiller l’impact [du nucléaire] sur l’environnement, pour prévenir et intervenir en cas d’accident ».

3. Qu’apprennent les visiteurs ?

La salle des fêtes de Cherbourg-en-Cotentin accueille ce 24 juin 2023 l’exposition « Radioactivité – Découvrir et comprendre » et des ateliers ludiques mis en place par des experts et chercheurs.

L’une des premières choses que retiennent les visiteurs est que la radioactivité existe déjà à l’état naturel : dans l’air, l’eau, les sols… « Particules », « atomes », « neutrons », « protons », « radiations »… L’exposition leur permet de creuser la signification précise de ces mots et de mieux comprendre leur utilité, ainsi que les suivis et les contrôles mis en place dans les différents secteurs d’activité concernés (médecine, industrie, défense…).
Eloan, un collégien de 14 ans, est sensible à ces questions. « Le nucléaire, j’en ai entendu parler en mal et en bien, des informations vraies et des fausses… Cette énergie est une ressource importante, et quelle énergie moins polluante utiliserait-on à la place si on décidait de s’en passer ? », interroge-t-il alors qu’il vient de se faire expliquer le fonctionnement d’un réacteur nucléaire à l’aide d’une maquette. « Tant que c’est bien géré et bien surveillé comme en France, c’est rassurant. Mais est-ce suffisant ? Il faut savoir s’en protéger, réussir à le gérer et ne pas en faire n’importe quoi. »

4. Sont-ils rassurés en sortant ?

Une mère et sa fille consultent les panneaux de l’exposition « Les effets de la radioactivité sur le corps ».

Au fil des panneaux de l’exposition et de leurs échanges avec le personnel de l’IRSN, les visiteurs comprennent que l’usage des sources radioactives ne se limite pas à l’industrie nucléaire et qu’il est nécessaire d’être vigilant. L’IRSN fait justement partie des acteurs dont la mission est de veiller et de suivre leurs usages et leurs impacts. Patrick, 70 ans, retraité de la prévention des accidents du travail, souligne : « La radioactivité, ça ne se voit pas. C’est invisible. Face aux risques, beaucoup de mesures sont pratiquées et beaucoup de prévention, de protection et de contrôles sont mis en place », comme lui confirme tout ce qu’il a pu lire en sillonnant l’exposition.
De son côté, Mickaël s’est arrêté devant des panneaux portant sur les accidents de Tchernobyl et Fukushima. Il insiste sur la nécessaire indépendance des laboratoires en charge de la surveillance et de la radioprotection, et plus largement des risques liés à la radioactivité. « Il faut toujours être vigilant. »

 

5. Que retiennent-ils de leur visite ?

Devant la salle des fêtes de Cherbourg-en-Cotentin, les passants sont invités à la Journée découverte de l'IRSN.

Les visiteurs posent de nombreuses questions tout en participant aux différents ateliers : expériences de mesure de pH, identification d’aliments séchés et broyés, fonctionnement d’un réacteur à l’appui d’une maquette, découverte des engins déployés en cas d’incident ou d’accident radiologique (véhicule, drone marin, etc.)... Même les mieux renseignés quittent la salle en ayant acquis de nouvelles connaissances sur des dispositifs comme les dosimètres, sur des méthodes d’analyse… « C’est ludique, ça parle. J’étais loin de me douter que ce secteur est aussi contrôlé. On a appris beaucoup de choses et c’est toujours bien d’apprendre », sourit l’un des visiteurs.
« Les initiatives pour informer sont les bienvenues, mais fait-on vraiment tout pour maîtriser ces usages, et combien ça coûte ? », s’interroge cependant Patrick, après avoir capté avec son smartphone le QR code grâce auquel il prend connaissance de la liste des chantiers de démantèlement en cours.

 

1. Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

 

Reportage photo : © Sophie Brändström/Signatures/Médiathèque IRSN

Pour en savoir plus

L' exposition Radioactivité : découvrir et comprendre https://www.irsn.fr/page/exposition-pedagogique


Article publié en février 2024