Pister le tritium dans l’eau de mer

© Florence Levillain/Signatures/Médiathèque IRSN

Ces rangées de bonbonnes surmontées de tubes effilés renferment des prélèvements d’eau du golfe de Gascogne. Objectif de l’opération : étudier à l’échelle de cette vaste étendue la dispersion des radionucléides transportés par les eaux de la Loire et de la Garonne, sur les rives desquelles sont implantées plusieurs installations nucléaires. Prélevés entre 2009 et 2016 lors de campagnes scientifiques organisées par l’Ifremer et l’IRSN, ces échantillons d’eau de mer ont été stockés au Laboratoire de radioécologie de Cherbourg-Octeville (Manche). Après leur transfert dans des bonbonnes en acier inoxydable, ils ont été débarrassés des gaz naturellement présents. Les prélèvements y restent confi nés entre un et six mois grâce à un système de fermeture étanche : un tube en cuivre scellé sur la partie supérieure du dispositif. Les chercheurs ont déterminé leur concentration en hélium 3. Ce gaz résulte de la désintégration des molécules d’eau contenant un atome de tritium, isotope radioactif de l’hydrogène : le niveau de concentration en hélium 3 indique la quantité précise de tritium dans l’échantillon. En réitérant l’analyse sur plus de 350 prélèvements recueillis en surface comme en profondeur sur l’ensemble du golfe, les scientifiques ont montré qu’il fallait un peu plus d’un an pour que les eaux d’origine continentale se renouvellent dans cette zone. Ce travail a validé le code de calcul Mars, développé par l’Ifremer et interfacé avec l’outil d’expertise Sterne de l’IRSN. L’objectif est de simuler la dispersion des radionucléides en cas d’accident nucléaire et de contamination radioactive du milieu marin.

Pascal Bailly du Bois
Chercheur spécialiste de la dispersion des radionucléides en mer


Article publié en avril 2019