Au cœur des vaisseaux

© Agnès François, Elodie Mintet/Médiathèque IRSN

Ce tableau aux accents psychédéliques n’est pas l’oeuvre d’un artiste contemporain de renom. Il s’agit de l’observation au microscope – grossissement x400 – d’une section de rectum de souris préalablement irradié. Chaque couleur, obtenue par marquage fluorescent, correspond à une structure biologique particulière : rouge pour le mésenchyme et la paroi des vaisseaux sanguins, vert pour leur endothélium1 et bleu pour les noyaux des différentes cellules de l’échantillon tissulaire. Les rares taches jaunes résultent de la superposition des fluorescences rouges et vertes. Elles attestent de la transformation progressive de certaines cellules endothéliales en cellules du mésenchyme à la suite de l’irradiation. Cette image témoigne des effets des rayonnements ionisants sur les tissus sains chez l’animal. Elle aide à comprendre le rôle du réseau vasculaire dans l’apparition tardive de certaines lésions et à mieux appréhender le rapport bénéfice/risque de la radiothérapie pelvienne. Alors que l’efficacité de la radiographie pour soigner les cancers de la prostate, de l’utérus ou du rectum s’est améliorée ces dernières années, des séquelles post-thérapeutiques peuvent survenir quinze à vingt ans après la fin du traitement. C’est le cas de la fibrose digestive. Les chercheurs du Laboratoire de radiobiologie des expositions médicales (LRMed) de l’IRSN, à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), tentent d’identifier les mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués afin de prévenir sa formation.

1. Au niveau d’un vaisseau sanguin, le mésenchyme correspond à l’ensemble des cellules assurant sa structure et l’endothélium forme la couche de cellules au contact du sang. 

Agnès François
Chercheuse en radiobiologie et radiopathologie


Article paru en juin 2019