Douaniers : scanner des conteneurs… avec précaution

Pour lutter contre la fraude, la douane française utilise des camions scanners mobiles. Ils radiographient les véhicules et les conteneurs dans le respect des principes de radioprotection. 

Les chariots cavaliers installent les conteneurs à scanner sur une plateforme. Le camion se positionne ensuite de manière à les encadrer de son bras et les longe en roulant pour réaliser son scan. - © Reportage photo : Noak/Le Bar Floréal/Médiathèque IRSN

Les piles de conteneurs multicolores se détachent sous le ciel bleu de Provence comme les briques d’un jeu de construction géant. À côté de Marseille, le terminal portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du Rhône) constitue un des principaux points d’entrée et de transit des marchandises en France. Ce 6 mars 2018, un camion scanner mobile de la douane1 prend position dans le terminal EuroFos. Il diffuse des rayonnements ionisants, et des mesures de radioprotection sont mises en place. Les douaniers sécurisent le périmètre avec des balises infrarouges. Le camion possède son propre équipage de quatorze personnes : opérateurs images et systèmes, tous détenteurs du Camari2. Depuis la cabine de pilotage blindée, un agent déploie le bras articulé qui contient le scanner à rayons X. Dans une seconde cabine, elle aussi doublée de plomb, un opérateur surveille le périmètre sécurisé et analyse l’image. Des dosimètres actifs sont disposés dans chaque cabine et à l’entrée du secteur circonscrit. Jean-Pierre Rittie, chef du service douanier de la surveillance, coordonne l’opération. Il mesure le bruit de fond avec un radiamètre, puis fait procéder à un tir à blanc pour contrôler l’équivalent de dose en limite de zone : l’aiguille ne dépasse pas les 2,4 μSv. « La dose de rayons X émise lors d’un examen est très faible : environ 0,003 mSv/scan3 sur le véhicule radiographié. En limite du périmètre, cette dose est quasiment nulle », souligne-t-il.  

Détecter des marchandises suspectes  

Un chariot cavalier positionne les conteneurs à contrôler. Des échanges radios confirment que la zone est dégagée. Personne ne se trouve dans le périmètre de sécurité. La radiographie peut commencer. « Image acquise ! » signale par radio Régis Friedrich, l’opérateur chargé d’analyser l’image. Au rythme du ballet des chariots cavaliers, les conteneurs se succèdent, chargés des marchandises les plus diverses. La vingtaine de conteneurs à radiographier a été sélectionnée par une cellule de ciblage de la douane. Quand l’opérateur image signale un doute, le conteneur suspect est placé dans une zone de vérification pour inspection. « L’image permet aussi de savoir précisément où chercher dans le conteneur ou le véhicule », précise Régis Friedrich. « Sans danger pour nos agents ni pour le public, à condition de prendre quelques précautions, nos camions scanners mobiles, qui travaillent tous les jours un peu partout en France, se révèlent être des outils efficaces pour un contrôle très rapide », conclut Jean-Pierre Rittie.

1.Outre ses équipements fixes, la douane française possède trois camions scanners mobiles disposant d’une autorisation quinquennale délivrée par l’ASN.
2.Certificat d’aptitude à manipuler les appareils de radiologie industrielle (Camari).
3.À titre de comparaison, la dose effective pour une radiographie thoracique est de 0,02 mS.

Quatre balises infrarouges installées

Elles forment un rectangle de 40 mètres sur 30. Si le signal entre elles est rompu, le scan ne peut pas démarrer ou s’interrompt automatiquement. Un écran est installé dans la cabine image du camion pour visualiser le périmètre : si le rectangle est vert, le périmètre est sécurisé, s’il s’affiche en rouge, il y a eu intrusion et le scanner s’arrête. Une douzaine de boutons d’urgence permettent un arrêt manuel à tout moment. 

Le camion scanner mobile

Le véhicule utilisé par la douane française pèse près de 22 tonnes, son bras articulé s’élève jusqu’à 4,65 m et scanne les conteneurs à travers le métal, à une vitesse de 12 ou 24 m/min. L’équivalent de dose mesuré dans la cabine blindée ou en limite de périmètre de sécurité n’excède pas, en moyenne, 0,5 μSv/h ou 1 mSv/an. 

Contrôle visuel de la radiographie  

Régis Friedrich, le douanier opérateur image, contrôle un conteneur d’armoires électriques. Il vérifie la conformité du chargement avec la fiche descriptive et recherche d’éventuelles anomalies visuelles qui laisseraient soupçonner une fraude.

Surveillance de la zone

À Euro-Fos, les conteneurs entrent et sortent par le même côté dans le périmètre sécurisé pour le contrôle radiologique. Les douaniers se postent devant cet accès afin d’empêcher toute intrusion dans la zone. 

Les dosimètres individuels

Comme tous ses équipiers, Jean-Pierre Rittie, chef du service douanier de la surveillance adjoint et Personne compétente en radioprotection (PCR), porte un dosimètre passif individuel trimestriel. Les douaniers de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône) qui accompagnent l’équipage du camion scanner mobile pour contrôler la marchandise suspecte portent en plus des dosimètres opérationnels.


DIAPORAMA

Scanner des douanes : la sécurisation du périmètre

Pour lutter contre la fraude, les douanes françaises se sont dotées de camions scanners mobiles qui radiographient l’intérieur de conteneurs. Ici dans le port de commerce de Port-Saint-Louis-du-Rhône (13). 

L’équipement du camion utilise des rayonnements ionisants. Des mesures de radioprotection sont mises en place. Un périmètre de sécurité est délimité et balisé par des panneaux d’avertissement.

L’équipe scanner mobile spécial installe le périmètre de sécurité dans l’espace du port dévolu aux contrôles. 

Des rubans jaunes et des cônes servent de balisage longitudinal. 

Le périmètre est délimité par des balises infrarouges, alignées entre elles. 

La sécurisation du périmètre est contrôlée. Deux côtés sont rouges, le scanner ne peut pas être utilisé. 

Cette fois, les 4 côtés sont verts. Le scanner peut radiographier le conteneur. 

 

Crédit reportage photo : Noak/Le Bar Floréal/Médiathèque IRSN 


Article publié en juillet 2018