Détecteurs ioniques de fumée

Les détecteurs de fumée à chambre d’ionisation (DFCI) contenant des éléments radioactifs doivent être remplacés par des technologies non ionisantes avant le 31 décembre 2021. Cette obligation réglementaire concerne de nombreuses installations. Sans bonnes pratiques en radioprotection, la dépose présente des risques. Elle doit être confiée aux sociétés spécialisées. 

Environ un million dedétecteurs ioniques de fumée (DFCI) restaient à retirer en 2020. - © Gaël Kerbao

TÉMOIGNAGE - Raphaël de Oliveira : “Établir un plan de retrait est obligatoire”

Raphaël de Oliveira Responsable du développement chez IPSI Sécurité Incendie - © R. de Oliveira

« Les principaux risques associés à la dépose – retrait, transport et stockage – des détecteurs de fumée à chambre d’ionisation (DFCI, ou détecteurs ioniques) viennent d’une éventuelle dégradation à chacune de ces étapes. Les professionnels des systèmes de sécurité incendie sont les seuls habilités à déposer les DFCI.
Notre société intervient dans des établissements recevant du public, en particulier l’hôtellerie. Notre personne compétente en radioprotection (PCR) forme dès l’embauche nos 80 techniciens. Une session de deux heures porte sur la méthodologie des trois étapes sensibles de la dépose.
Comment l'expert en protection incendie accompagne-il le détenteur de l'installation ? Tout commence par l’indispensable rédaction d’un plan de dépose. S’il y a lieu, il mentionne l’étude technique pour remplacer des DFCI par une technologie optique de fumée. Il précise la planification des opérations : recensement des détecteurs avec attribution d’un numéro d’identification, déclaration au Système d’information et de gestion de l’inventaire des sources (Sigis), dépose avec évacuation. Le plan prévoit le transfert des DFCI dans une filière industrielle agréée pour leur traitement et recyclage. Il comporte aussi une estimation chiffrée. 

Retirer, remplacer

Souvent, les professionnels ne savent pas qu’il existe des DFCI dans leur établissement – ils n’ont pas été répertoriés, un faux-plafond les cache, etc. C’est la principale difficulté. Pour y remédier, il faut les repérer. Notre bilan sert à cela. Autre information : remplacer les DFCI n’implique pas forcément de remplacer toute l’installation anti-incendie. À noter : hors dépose, le faible rayonnement unitaire des DFCI ne présente pas de danger pour les personnes utilisant les locaux.


INFOGRAPHIE - Les étapes de la dépose des détecteurs ioniques de fumée

Les propriétaires de locaux professionnels ont l’obligation d’organiser le recensement et la dépose des détecteurs ioniques de fumée (DFCI) installés dans leurs locaux. Une procédure qui comprend des étapes obligatoires et des erreurs à éviter. Les étapes de la dépose des détecteurs ioniques de fumée

© Art Presse/ABG Communication/Médiathèque IRSN/Magazine Repère
Gros plan sur le logo radioactif d’un détecteur de fumée ionisant de la marque Cerberus contenant de l'américium - © Simon Schneebeli, www.polludoc.ch, CC BY-SA

DANS L’ACTUALITÉ

Le 9 mars 2020, une société de maintenance incendie d’Île-de-France déclare à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) la perte, lors d’une dépose, d’un carton de DFCI : 21 appareils contenant de l’américium 241 (activité totale de 388,5 kBq). L’ASN classe l’événement au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (Ines, International nuclear event scale), graduée de 0 à 7. Suite à l’incident, la société prévoit de renforcer la formation de son personnel.  


AVIS D'EXPERT - Agnès Hoorelbeke : “Viser l’exposition la plus basse”

Agnès Hoorelbeke, Spécialiste de l’expertise des sources - © Stéphanie Clavelle/Médiathèque IRSN

Nous suivons la décroissance du nombre de détecteurs ioniques de fumée (DFCI) en France. Ceci est possible grâce au Système d’information et de gestion de l’inventaire des sources (Sigis), qui recense les sources connues de rayonnements ionisants dans l’Hexagone.
Le rôle de l’Institut est d’informer les professionnels, par exemple sur la conduite à tenir en cas de dégradation, de vol, d’incendie de ces matériels ou au sujet de leur reprise.
Environ 23 000 installations, comptant jusqu’à plusieurs milliers de détecteurs, sont inscrites dans le Sigis : établissements recevant du public, industries, secteur tertiaire, etc. Nous estimons à près d’un million le nombre de DFCI non encore identifiés, or ils n’apportent aucune plus-value pour la sûreté incendie. Les modèles optiques, sans source radioactive, offrent depuis dix à quinze ans les mêmes performances. En radioprotection, prévaut le principe Alara, As low as reasonably achievable. Il faut cibler l’exposition la plus basse possible et, à performance égale, choisir du matériel peu ou pas rayonnant. En retirant les DFCI, les professionnels respectent ce principe d’optimisation et se conforment à la règlementation, qui interdit l’ajout de radionucléides dans les produits de construction depuis 2002.


INFORMATIONS PRATIQUES

La fiche de recensement doit contenir :  

  • La désignation de l'installation ou nom de l'utilisateur  
  • L’adresse complète  
  • L’échéance prévisionnelle de dépose (date limite 31/12/2021)  
  • Le numéro d'identification de l'installation et la localisation du marquage associé défini en annexe III de l’arrêté du 18/11/2011 portant dérogation à l'article R. 1333-2 du Code de la santé publique (CSP) pour les DFCI  
  • Le nombre de DFCI par radionucléide 

POUR EN SAVOIR PLUS


CONTACT

  • Unité d’expertise des sources

    BP 17  

    92262 Fontenay-aux-Roses Cedex  

    Tél. secrétariat : 01.58.35.95.13 


Article publié en juillet 2020