Découverte d’objets radioactifs : comment réagir ?

Horlogerie luminescente, fontaines au radium, minéraux… Chaque année en France, une centaine d’objets radioactifs sont retrouvés chez des particuliers ou dans des bâtiments : hôpital, établissement scolaire… Quel danger représentent-ils ? Quelle est la marche à suivre ? Qui contacter ? Comprendre l’intervention des acteurs publics, étape par étape. 

Des experts effectuent des mesures sur le terrain à l’aide d’une lampe à UV. L’objet éclairé – ici un vase – montre une fluorescence caractéristique de la présence d’un composé radioactif. Même s’il n’est pas fiable à 100 %, ce test est un bon indicateur. - © Cyril Huet / IRSN

TÉMOIGNAGE – Marin Lassalle : « La préfecture joue le rôle de chef d’orchestre »

Marin Lassalle, sous-préfet et directeur de cabinet du préfet de la Dordogne. - © Préfecture de la Dordogne

« Il n’est pas rare, par exemple à la suite d’un héritage, que des familles découvrent de vieux objets radioactifs dans une cave ou un grenier. Lorsqu’un particulier suspecte la présence d’un tel objet, il doit contacter les pompiers. S’il présente un risque, les pompiers informent la préfecture qui joue le rôle de chef d’orchestre entre tous les intervenants.
Le préfet demande une évaluation du risque radiologique auprès de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), ainsi qu’une expertise de santé publique auprès d’un médecin-conseil de l’Agence régionale de santé (ARS). À la lumière de ces informations, il prend la responsabilité des actions à mettre en œuvre. En fonction du risque, cela peut aller jusqu’à la sécurisation du secteur afin de permettre aux secours d’intervenir en toute sécurité et de limiter les risques de contamination des personnes et des biens. Le tout en coordination avec les acteurs locaux : mairie et services de secours. La préfecture s’assure également d’une bonne information aux personnes exposées, et d’une prise en charge médicale adaptée. Si la situation l’exige, elle peut solliciter une cellule mobile d’intervention radiologique (CMIR) : une équipe de pompiers équipée et formée spécifiquement pour opérer en cas de risque radiologique. C’est aussi la préfecture qui coordonne toute la communication de crise en cas de risque pour la santé publique : information sur les réseaux sociaux, conférences de presse, etc. »


INFOGRAPHIE – La prise en charge d’un objet radioactif

De nombreux objets radioactifs sont commercialisés dans les années 1930 : produits de beauté à base de radium, objets au radium d’utilisation médicale (Orum)… Quels sont les bons réflexes à adopter face à ces objets ? Quels sont les intervenants aptes à les identifier et à évaluer le risque ? Comment procèdent-ils pour les mettre en sécurité ?

© T. Cayatte/Agence Ody.C/Médiathèque IRSN/Magazine Repères

AVIS D’EXPERT – Vincent Faure : « Mesurer très finement la radioactivité pour une meilleure évaluation du risque »

Vincent Faure, chargé d’affaires en radioprotection au sein du Laboratoire d’expertise et d’intervention en radioprotection, Les Angles (Occitanie). - © Collection privée

« Lorsqu’un objet radioactif est découvert, les pompiers disposent de moyens techniques limités pour caractériser le risque radiologique. L’IRSN, sur saisine de l’ASN, peut être mobilisé pour effectuer des mesures plus approfondies. Une équipe composée d’ingénieurs et/ou de techniciens spécialisés dans la mesure se rend sur place avec un véhicule équipé d’un éventail d’instruments de mesure, de kits de prélèvements et d’équipements de protection. Nous utilisons trois grands types d’appareils : des radiamètres pour détecter et quantifier des radiations (rayonnements X, bêta, gamma), des contaminamètres pour mesurer une contamination radioactive sur des surfaces, et des spectromètres pour identifier le radionucléide et quantifier son activité radiologique. Si la situation l’exige, nous procédons à des analyses très minutieuses, pièce par pièce, objet par objet, pour reconstituer une carte précise du risque radiologique. S’il y a un risque, nous procédons à une mise en sécurité : balisage, interdiction d’accès, isolement de l’objet. »


INFORMATIONS PRATIQUES

Irradiation et contamination : quelle différence ?

L’irradiation correspond au rayonnement émis par un objet radioactif. Il est possible d’être irradié sans être en contact avec l’objet. La contamination, elle, a lieu quand la personne est en contact avec une substance radioactive. Elle peut être externe (sur la peau ou les vêtements) ou interne, par exemple en cas d’ingestion. C’est pourquoi il est fortement déconseillé de toucher à mains nues un objet dont on suspecte qu’il est radioactif.

https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/dialogue-pedagogie/contamination-…

 

Reconnaître les objets types

L’Andra détaille comment reconnaître un objet radioactif et les trois niveaux de dangerosité de ces objets : « pas de risque immédiat », « dont il faut éviter le contact » ou « représentant un risque sanitaire élevé ».

https://www.andra.fr/espace-producteurs/reconnaitre-un-objet-radioactif

https://www.andra.fr/sites/default/files/2021-02/plaquette_objets_radio…

L'Andra mène une campagne de sensibilisation du public sur les objets radioactifs. - © ANDRA

Conditions de prise en charge

L’Andra détaille les conditions de prise en charge d’objets radioactifs pour les particuliers. L’enlèvement est gratuit s’il n’excède pas 5 000 euros hors taxe et si le particulier détient sciemment un objet pour son caractère radioactif (collectionneurs, etc.)

https://www.andra.fr/espace-producteurs/conditions-de-prise-en-charge-d…

POUR EN SAVOIR PLUS

Un exemple d’avis émis par l’IRSN à la suite de la découverte d’un objet suspect à La Rochelle a conduit à la découverte d’autres objets radioactifs et une mise en sécurité avant enlèvement par l’Andra.

https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/expertise/avis/2021/A…


CONTACT

  • Cyril Huet

    Spécialiste de la gestion de crise
    Tel :  01 58 35 98 25
    Mail : cyril.huet@irsn.fr

  • Carol Soria

    Chef du Laboratoire d’expertise et d’intervention en radioprotection – Sud
    Tel : 04 90 26 11 15
    Mail : carol.soria@irsn.fr

  • Service d’intervention radiologique et de surveillance de l’Environnement

Article publié en octobre 2024