REPORTAGE - Sous l'œil des experts : 500 tonnes d’acier à la loupe

Assemblage, soudure des tubes, contrôles... Les experts doivent connaître les étapes de fabrication des générateurs de vapeur pour approfondir leurs expertises. Rien de mieux que la visite chez un fabricant. Sous l’œil des experts 

Équipés d’une tenue de protection, Thierry Sollier et Jean-Marc Decitre, experts en contrôles non destructifs (CND), pénètrent dans le « module de propreté » de l’usine de Framatome. C’est dans ces locaux situés à Saint-Marcel, en Saône-et-Loire, que l’industriel assemble des générateurs de vapeur (GV). Les deux hommes étudient l’organisation des milliers de tubes en alliage 600TT ou 690* au cœur du GV. 

Ces ingénieurs ont déjà vu des dizaines de générateurs. Sollicités par l’Autorité de sûreté nucléaire, ils participent aux inspections et réalisent régulièrement des expertises. Mais en centrale, leur temps est minuté pour limiter l’exposition aux rayonnements ionisants. « Lors d’une inspection, notre examen est rapide. Nous quittons vite la zone à fort débit de dose pour évoquer des points techniques », décrit Thierry Sollier. Pour eux, il est important de connaître intimement cet équipement et son assemblage, afin d’améliorer l’inspection. « Les usines sont un lieu de prise d’information. Ces visites alimentent notre expertise. » 

Poursuivant leur parcours, les experts entrent dans un immense hall d’assemblage. Sous leurs yeux, des dizaines de GV à différents stades de fabrication. Les postes de soudage, d’usinage, de traitement thermique ou encore de contrôles se succèdent. Divers CND – à l’aide d’ultrasons, de courants de Foucault... – y sont effectués pour caractériser l’intégrité des composants et des assemblages (lire article : anomalies des générateurs de vapeur : comprendre et prévenir). Attentifs, les experts observent trois opérateurs contrôler une soudure. « Le résultat ne montre pas d’anomalie. Cela témoigne de la bonne qualité de fabrication et de la maturité du contrôle industriel, note Thierry Sollier. Le résultat du contrôle est sauvegardé. Nous pouvons ainsi nous y référer pendant toute la durée de l’exploitation, pour surveiller la bonne santé de l’équipement. » 

Quelques mots échangés avec un des contrôleurs révèlent une autre pratique vertueuse : « L’énergéticien britannique, client de Framatome, exige une qualification des CND et des opérateurs. » La qualification des contrôles renforce la confiance dans leurs performances. Le constructeur peut ainsi progresser dans sa qualité de réalisation, ce qui bénéficie à la sûreté. 

* Ces alliages sont principalement composés de nickel et de chrome.

R52-D-Le tubage d’un générateur de vapeur (GV)

Le tubage d’un générateur de vapeur (GV) se fait depuis son extrémité supérieure, appelée étage ou barillet vapeur. Jean-Marc Decitre, expert en contrôles non destructifs (CND), observe les précautions prises pour éviter l’entrée d’éventuels corps migrants.

R52-D-À l’autre extrémité du GV

À l’autre extrémité du GV, les tubes en inox sont fixés dans la plaque tubulaire. Thierry Sollier, expert, examine cette pièce. 

R52-D-Les tubes sont emmanchés un à un dans cette plaque.png

Les tubes sont emmanchés un à un dans cette plaque. Chacun est expansé hydrauliquement pour se solidariser à celle-ci. Puis, les tubes sont nettoyés et leur intégrité vérifiée. Les résultats de ces CND aident à suivre le vieillissement des tubes.

R52-D-Les joints soudés de ce sous-ensemble de GV.png

Les joints soudés de ce sous-ensemble de GV sont contrôlés par ultrasons. Ce CND est exécuté par un robot qui se déplace le long de la soudure. 

Reportage photo : © Joseph Gobin/Médiathèque IRSN

 


Bibliographie

Repères n° 23, octobre 2014 Vieillissement des centrales, un phénomène anticipé et surveillé
Woodhead Publishing Series in Energy, Steam Generators for Nuclear Power Plants,edited by Jovica Riznic, 2017, ISBN: 978-0-08-100894-2

 


Dossier publié en janvier 2022